Accorder son piano
C’est une succession d’opérations complexes qui sont toutefois à votre portée dans la mesure où vous étudiez et vous respectez bien les conseils simples de ce mode d’emploi. Ainsi grâce à ces explications chacun d’entre vous sera en mesure d’effectuer les accords de son précieux piano avec des bases solides.
Cet apprentissage demande de la persévérance et une bonne autocritique. Un travail consciencieux vous donnera un niveau acceptable. Ensuite, en utilisant un lgiciel ou une appli spécialisée, vous obtiendrez un résultat digne du travail d’un professionnel.
Il est toutefois nécessaire de connaître les divergences et tous les différents aspects techniques des pianos en plus du bon nombre de détails particuliers. Ces informations vous permettront de diagnostiquer et de résoudre bien des anomalies ainsi que leurs effets secondaires.

La pratique pour un novice débute par la connaissance et l’acquisition de l’outillage spécialisé.
Les outils dont vous aurez besoin:
- un accordoir
- une douille en étoile
- des coins en caoutchouc
- des pinces en plastique
- des bandes de feutre
Présentation de l’outillage
- Des kits d’outillage sont dispos sur Amazon afin de se faire la main.
Je conseille toutefois d’investir dans du matériel de qualité afin de réussir son accord plus facilement! - l’accordoir – l’accordoir est un levier pour faire pivoter les chevilles. Procurez-vous un outil de bonne qualité, rigide, ni trop long, ni trop léger. C’est la base d’un meilleur contrôle et d’un bon résultat.

- les douilles en étoile – l’empreinte de la douille est en forme d’étoile, elle doit s’adapter aux chevilles carrées. Cette douille permet de positionner l’accordoir dans la position la mieux adaptée. Si vous devez accorder différents pianos, il est recommandé de vous procurer un accordoir doté d’une étoile interchangeable. Elles existent en plusieurs dimensions. Prenez conseil auprès d’un magasin spécialisé.
- Les coins en caoutchouc – ils se positionnent entre les cordes pour les étouffer, ils sont de différentes tailles.

- Les pinces en plastique (avec ressort) – pour les petits pianos, elles s’utilisent entre les mécaniques les plus droites, très prudemment. A l’aide de ces pinces vous pouvez étouffer deux cordes en même temps, vous devez les utiliser plus particulièrement pour les sons aigus – se sont les cordes les plus courtes. Un chœur est un ensemble de deux ou trois cordes qui fait partie du même ton. Alors le marteau frappera ces deux ou trois cordes en même temps. Elles sont accordées dans le même ton.

- Les bandes de feutre souple – la bande de feutre souple se pose entre les chœurs pour étouffer, deux cordes, des tricordes ou une corde d’un bicorde. Certains pensent que par cette méthode nous pouvons gagner du temps.

Pour les chœurs à deux cordes vous laissez de l’espace entre deux chœurs, ainsi, vous pouvez accorder alternativement une corde à droite et une à corde gauche de ces chœurs.

Pour la pose du feutre entre les cordes il est recommandé d’utiliser une petite bande d’aluminium ou du bois de faible épaisseur, faites très attention à ne pas toucher la table d’harmonie. Il est extrêmement important de presser la pédale sostenuto pour ne pas détériorer le feutre des étouffoirs. Au moment où vous enlèverez la bande de feutre pensez à presser à nouveau la pédale. Lors de cette dernière manipulation il est préférable de maintenir les cordes en place avec la paume de la main pour la protection des étouffoirs, sinon vous risquer de dérégler l’accord que vous venez juste de réaliser avec beaucoup d’efforts, (prenez la précaution de mettre des gants pour éviter l’oxydation des cordes).
Pour le tournage des chevilles, imaginez vous les mouvements ! Ils sont absolument et extrêmement minimes. Parfois nous ne faisons pas du tout pivoter les chevilles. A votre première opération et pour éviter d’endommager la corde il est préférable de la détendre, et seulement ensuite d’effectuer correctement la tension.
Exercice pratique d’application
Pour accorder son piano soi-même et avant d’aborder la position de l’accordoir et la manipulation des chevilles, nous vous conseillons de pratiquer des mouvements minimes sur les chevilles de façon à ressentir la sensation d’effort nécessaire à la tension des cordes.
Commencez, par exemple, d’étouffer la corde droite d’un tricorde et laisser la corde du milieu.
Positionner l’accordoir à la cheville qui correspond à la corde gauche. Exercez une légère pression à gauche sur l’accordoir pour diminuer la tonalité sans toutefois tourner la cheville. Ecoutez bien maintenant, si rien n’a changé directement vous pouvez augmenter un petit peu la pression jusqu’à ce que vous déterminiez quelques oscillations. Ce qui signifie qu’il existe maintenant une différence minime de tonalité entre les deux cordes. Plus la différence sera grande, plus l’amplitude de l’oscillation sera rapide. Si vous relâchez l’outil maintenant, les oscillations vont disparaître et la cheville reviendra à sa position initiale. Ce que vous venez de constater est d’une grande importance pour la suite de la mise au point de votre piano. La partie visible de la cheville n’est à peine la moitié de celle-ci, l’autre partie se trouve serrée dans le sommier. C’est cette partie invisible qui permet de conserver la corde en tension. Faire pression sur votre accordoir va causer une petite torsion à la cheville, c’est une conséquence du matériau de la cheville. Après l’avoir tournée un peu, la cheville ne reviendra pas à sa position initiale à cause de la résistance entre le sommier et la cheville.


Pour accorder son piano, on doit parfaitement positionner les chevilles, sinon la trajectoire des cordes lors de leur tension les fera dévier et votre instrument sera obligatoirement désaccordé.
La mise en place des chevilles, en anglais « setting the pins« , dans une position stable est d’une grande importance pour la stabilité de l’accord. Cette opération est la plus délicate à réaliser, la position de la cheville vous permettra d’obtenir le meilleur accord. Frapper les touches un peu fort lors de cette opération et bien écouter les nuances de son vous aidera à l’amélioration de la stabilité. Observer la longueur d’une corde, vous en déduirez qu’il existe trois secteurs. A partir de la cheville, le premier secteur est non oscillant puis on arrive à un point fixe. Ce point peut être une agrafe, le sillet (capo dastro) ou la barre de pression , cela dépend de l’instrument. Le second secteur est la partie oscillante, la partie frappée par le marteau. Ensuite la corde passe par le chevalet, à partir d’ici c’est le troisième secteur. Cette partie entre le chevalet et les pointes d’attache en fin de corde est non oscillante. La distance entre, les agrafes, le sillet, et la première pointe du chevalet déterminera la longueur de la partie oscillante de la corde.

La stabilité de l’accord
La tension énorme exercée sur les cordes implique une certaine résistance au niveau des différents points fixes, agrafes, sillet et chevalet. Dès que vous agissez sur la corde pour modifier la tonalité, la corde va se déplacer très faiblement sur ses attaches ou ses guides et une différence de tension va se créer dans les trois secteurs de la corde. Il est important de neutraliser ces différences pour éviter de désaccorder rapidement le piano. Pour cela, il s’agira de frapper assez fort la touche pour faire glisser la corde au niveau des pointes résistantes. Il est préférable auparavant d’accorder la tonalité un petit peu trop haute. Ensuite, vous finaliserez cet accord au niveau désiré tout en continuant à frapper la touche.
Pour accorder son piano, on doit acquérir le tour de main, afin de trouver la position la plus stable pour la cheville et aussi niveler les différentes tensions sur la corde pour enfin arriver à la tonalité désirée.
Le réglage de la cheville
Les chevilles sont fixées dans le sommier, nous devons vaincre la résistance due à cette fixation avant de les bouger. La partie la plus importante du réglage d’un accord est sans aucun doute le mouvement de la cheville elle-même. De nombreuses nuances de sensation sont observées lors de la manœuvre des chevilles et bien souvent sur le même instrument. Parfois elles se déplacent bien en glissant mais elles peuvent également craquer et être dures. Il arrive souvent aussi qu’elles se déplacent brusquement et ce à chaque fois que vous augmentez la pression avec l’accordoir. Soyez rassurés, les craquements n’engendrent aucun risque de casse. Le plus important est de prendre l’habitude de bouger les chevilles le moins possible. Vous serez souvent amenés à corriger la tonalité un très petit peu uniquement, dès que vous serez capable d’effectuer ces opérations de tension sans trop déplacer les chevilles vous obtiendrez à coup sur une tonalité d’une grande précision.
La position des cordes
La position des cordes est différent quand il s’agit d’un piano droit ou d’un piano à queue. Il est important de bien s’imaginer les deux constructions, la différence de conception bien qu’elle soit minime est à connaître pour ne pas faire de faute grave pendant l’accord
- Piano droit – Observer bien une cheville et la fixation de la corde. La corde quitte la cheville coté gauche au dessous du piano. Vous positionnerez l’accordoir en haut et un peu à droite (position horaire « une heure »). Si vous tournez la cheville vers la gauche vous baisser la tonalité, à l’inverse, si vous tournez celle-ci vers la droite vous l’augmentez.

- Piano à queue – Après la cheville, la corde va en direction de la queue de l’instrument par le coté droit. Vous positionnerez l’accordoir un peu à l’arrière et à droite (position horaire « deux heures »).Si vous voulez augmenter la tonalité vous tournerez la cheville vers la droite (tirez vers vous), alors que si vous tournez celle-ci vers la gauche vous baisserez la tonalité.

La méthode d’accord du piano
Maintenant que vous avez tout le matériel préconisé pour accorder son piano, vous allez commencer l’accord mais avant de débuter voici une mise en garde qui peut vous éviter de désaccorder ou plus grave d’endommager une corde.
Choisissez une corde, repérez sur quelle cheville elle est positionnée. Assurez vous de votre bon choix en appliquant le conseil suivant sans aucun risque de désaccorder la corde. Pour cela, exercer une infime pression sur l’accordoir sans tourner la cheville, la conséquence de cette pression va occasionner une légère variation de tonalité. Lors de la manœuvre de cette cheville si la tonalité ne varie pas vous aurez certainement fait une erreur, il est en effet facile de se tromper et d’étouffer la corde initialement choisie. La petite mise en garde énoncée ci-dessus est cependant toujours d’un bon secours en cas de doute. Pour les mêmes raisons de sécurité, débutez vos accords en bas, il vous sera en effet plus facile de monter la tonalité un peu plus tard. La remarque est valable pour la stabilité des accords désirés, elle vous permettra également de mieux éliminer la torsion de la cheville. Prenez garde, et mettez toujours la cheville en position « neutre et repos » après l’avoir tournée.
Au début la situation semble désordonnée, après une bonne réflexion la position des chevilles devient plus logique et rapidement vous pourrez vous repérerez et choisir la cheville correspondante sans trop de difficulté.
La tension du total des cordes est énorme, elle exerce sur le cadre de l’instrument une force d’environ dix-huit tonnes en moyenne. Vous jugez la tonalité de votre piano trop basse sur l’ensemble du clavier. Il sera important d’augmenter les tensions le plus régulièrement possible tout en conservant un bon équilibre. N’oubliez pas, dès que la déviation de la tonalité est supérieure à trente cent il est impératif de monter la tension en plusieurs paliers. (un demi-ton est de 100 cent) Si vous accordez grossièrement afin de manœuvrer la tension (tonalité), pensez à surveiller l’égalité des tensions sur tout l’instrument pendant cette opération. Un accord grossier peut être réalisé en moins de vingt minutes avec une bonne expérience. A ce stade du réglage si des battements entre les cordes existent ils sont d’une moindre importance.
Accorder son piano précisément
Astuce et explication pour accorder votre piano avec une égalité de tension.
1. Débutez entre C3 et C5, par la corde au milieu des trois cordes du chœur.
2. Accordez une des cordes basses de la section bicordes
3. Accordez toutes les cordes au milieu de C5 jusqu’à C8.
4. Accordez les cordes basses seules

5. Accordez toutes les cordes gauches des chœurs de C3 jusqu’à C8.
6. Accordez les autres cordes des cordes basses bicordes
7. Enfin accordez toutes les cordes droites des chœurs de C3 jusqu’à C8.
Remarque:
D’un instrument à l’autre le point de changement des cordes nues et des cordes basses peut être différent et ne pas se trouver en C3 !

A vous de le vérifier . . .
Je n’ai volontairement pas abordé les relations complexes des intervalles et leurs déplacements (ou écartement) parce que c’est justement l’opération complexe qui est effectuée par l’accordeur.
Conclusion
Je vous ai expliqué en théorie la procédure pour accorder son piano le plus minutieusement possible.
Tous les aspects de ce métier magnifique ne peuvent s’acquérir que par de la pratique.
Alors, effectuer les exercices avec application, maîtriser bien les gestes avec l’accordoir, apprenez à comprendre toutes les subtilités de votre instrument et écouter ses différentes tonalités.
En étant minutieux vous obtiendrez des accords justes afin de bien jouir des sons magnifiques de votre précieux piano.
